L'Homme Irrationnel de Woody Allen

  Aujourd hui, article cinéma ! J'ai eu l'occasion la semaine dernière de visiter les salles obscures et d'y découvrir le dernier film de Woody Allen, Irrational Man (L'Homme Irrationnel). Pour être honnête, je ne m'attendais pas à des merveilles en le voyant : toute grande fan de l'ami Woody que je suis, je n'étais emballée ni par l'histoire, ni par la bande-annonce, ni par le casting. J'ai donc fait face à l'écran avec une bonne humeur désabusée. 


                                   
                                                        Désabusée...comme eux.

  Le premier quart d'heure du film était plutôt conforme a mes attentes : on y est présenté à Abraham Lucas (Joaquin Phœnix) professeur de philosophie sur le déclin, en proie à l'alcoolisme et la dépression nerveuse. Il accepte un poste sur un campus américain huppé et provoque la fascination et la curiosité de tous ceux qui l'entourent, en particulier de l'étudiante en philo Jill Pollard (Emma Stone). En quelque minutes à peine, Woody nous plante le décor : une histoire d'amour qui va mal tourner, un homme destructeur, une mini-société riche, érudite et quelque peu prétentieuse, qui balance des citations de Kant au détour de la conversation, joue du piano classique et socialise au détour d'une promenade équestre. Ce genre de campus bucolique et traditionnel me fascinait quand j'étais plus jeune. Ici, il y règne une atmosphère de vase clos, dépourvue d'intimité, et qui peut être involontairement devient graduellement déplaisante.  

                                        

  Les séquences s'enchaînaient, le prof picolait, tout le monde affirmait à Jill qu'elle allait tomber amoureuse de lui (en particulier son petit ami, tu cherches les ennuis mon gars), Rita Richards, prof de sciences mariée mais délurée faisait la cour à Lucas (pourtant pas au top de sa forme notre Joaquin)... Et je savais très bien ou tout cela allait en venir, avec une relation professeur-élève ravageuse et désapprouvée par tous.
  Et puis...Woody m'a surpris. Au détour d'une discussion au café du coin, Abe et Jill surprennent la discussion d'une femme en larmes et de son groupe d'amis. Cette femme, victime de l'amitié de son ex-mari avec un juge local, est sur le point de se faire retirer la garde de ses enfants. Abe écoute son discours sans lui adresser la parole mais avec une intensité inédite dans le regard. Le prof déglingué vient de retrouver un sens à sa vie : il va aider cette inconnue en assassinant celui qui exerce sur elle un abus de pouvoir. 
  A partir de ce moment, le film change radicalement de ton et s'éloigne de la comédie de mœurs élégante : ironiquement il en devient aussitôt beaucoup plus drôle. Abe Lucas renonce aux paroles inutiles pour un acte concret, à la morale toute personnelle, et nous gratifie de quelques jolies scènes de suspense. Le tout fait un peu penser aux vieux films d'Hitchcock (La Corde et L'Inconnu du Nord-Express en particulier qui réfléchissent beaucoup sur l'idée de meurtre comme acte de liberté ). Les théories philosophiques sont encore très présentes (avis aux classes de terminale !) mais semblent soudain moins gratuits, plus actuels. Avec tout cela, je ne me suis plus ennuyée un seul instant et le dénouement (dont je ne vous dirai rien) m'a littéralement soufflée.

                                   
                                C'est Emma qui en a de chouettes tenues pour aller à la fac !

  J'ai aussi apprécié que Woody Allen, un habitué de la question, traite cette relation amoureuse prof destructeur/élève romantique sur un ton délibérément désinvolte. On a l'impression au début qu'il s'agira du thème central mais cette attente est peu a peu détournée et remise en question. Si Jill est fortement éprise de son nouvel enseignant, l'inverse est loin d'être certain. Ce n'est pas l'amour mais la violence qui redonne le goût de vivre à Lucas. Et Rita, la prof interprétée avec beaucoup de justesse et d'humour par Parker Posey, semble un fine mieux lui convenir. 
  Joaquin Phœnix, le petit frère de River, a bien grandi. Je n'ai pas vraiment compris son pouvoir d'attraction dans le film étant donné qu'il apparaît toujours sous un jour négligé et débraillé. En revanche, il joue très bien son rôle - et pour une fois ne fait pas du tout figure de double de Woody Allen rajeuni et modernisé. N'étant pas une grande fan d'Emma Stone, j'avais un peu de mal à l'accepter en tant que petite jeune première romantique. Cependant, le développement de son personnage m'a plutôt intrigué et j'ai apprécié que Woody ait su faire preuve de recul par rapport à lui. 
  En gros, plutôt une bonne surprise, un film qui met un peu de temps à démarrer mais évolue pour le mieux. Si vous aimez le cynisme et l'humour noir, vous serez conquises. En revanche, si vous êtes en quête d'une comédie ensoleillée, passez votre chemin !


                       
                 Ou repassez-vous Manhattan, LA romance avec une différence d'âge qui a du cœur.

Mariel Hemingway forever <3


Et vous, vous l'avez vu ? Vous êtes furieuses d'avoir dépensé vos deniers pour le voir ou plutôt satisfaites ?

A bientôt les filles, des bisous !

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2 commentaires:

  1. Coucou !
    Je trouve que c'est une sorte de contrepoint à Match Point. Qu'en penses-tu ?
    Bises.

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    1. Coucou Adeline !
      Je suis tout a fait d'accord avec toi, on retrouve bien les thèmes et l'humour noir de Match Point ! :) L'Homme irrationnel est peut être un chouia moins réussi (moins équilibré en tout cas) en revanche je trouve que son héros est plus sympathique que celui de Match Point (avec des pincettes bien sur X)) Au moins il reste fidèle à lui-même dans une sourde hypocrite...
      Bises et merci pour ton passage !

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