Adieu Elle, Grazia farewell !

  Ça va faire environ 10 ans que je lis des magazines dits féminins. J'ai commencé jeune, vers 11 ans, en piquant ceux de ma mère pour lire en priorité l'horoscope, les caricatures, me moquer gentiment des pages psycho et écarquiller les yeux devant les "C'est mon histoire" (qui à l'époque étaient beaucoup moins innocents qu'aujourd'hui, croyez en une vieille lectrice).


                      
                           LE numéro qui a tout fait basculer 


  En ce temps la, ceux qui franchissaient le seuil de notre maison le week-end, c'étaient le Elle et le Madame Figaro. Madame Figaro était plus chic, plus dame et proposait des stylos en or aux lecteurs dont les courriers avaient été publiés. Elle était plus jeune, plus provocateur, avec des petites chroniques rigolotes et vaguement salaces entre les photo de mode. Et puis on s'est lassées de Madame (l'article de trop : l'énième "le luxe pour lutter contre la crise") et on l'a laissée dans son monde merveilleux et éthéré ou tout le monde a une maison de famille ou passer ses vacances. On l'a remplacé par Grazia, qui venait tout juste de sortir et avait l'air gentiment inexpérimenté - je crois que les premiers numéros je les ai eus gratuitement en faisant mes courses, vous imaginez ?
  Depuis j'ai fait d'autres découvertes magazinesques dont je ne parlerais pas beaucoup ici - mais peut être une autre fois- mais je suis restée fidèle lectrice de mon Elle et de mon Grazia. Y avait certains numéros que je laissais passer - entre autres les spécial hommes et enfants- mais j'y revenais toujours. 
  Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, c'est fini, terminé, une de mes bonnes résolutions de la saison c'est d'arrêter purement et simplement de les financer. L'explication, en six points. 


1. C'est trop cher

  Actuellement, le numéro de Elle coûte environ 2,20€. Par mois, a raison de quatre numéros, cela fait près de 9€. Un budget conséquent pour un magazine au poids souvent léger, en particulier pendant les mois d'été. A titre de comparaison, les mensuels Glamour et Cosmopolitan, sont régulièrement proposés a moins de deux euros - pour un temps de lecture bien plus rempli.
Grazia s'en sort mieux sur ce point la : la nouvelle formule actuellement en kiosque ne coûte qu'un euro. Reste a savoir pour combien de temps.


2. C'est trop cher (bis)


  Il n'y a pas que le prix du magazine lui-même, il y a aussi son contenu. Lorsque j'achète ce genre de revue, c'est avant tout pour savoir ce qui est a la mode en ce moment, quels cosmétiques viennent de sortir, quelle destination de vacances a l'air sympa...Bref, pour respirer un peu l'air du temps. Et l'air du temps chez Elle et Grazia coûte terriblement cher. Entre les palettes de fards a paupière a 65€ pièce, les indispensables de la semaine "prix sur demande" et les séances de massage a 200€ les 60 minutes, j'ai de quoi me sentir larguée. Et j'ai la faiblesse de considérer * phrase fétiche du Roi Triton * que je suis loin d'être la seule dans ce cas. Donc en gros, je dépense 2,20€ par semaine et des plures, pour savoir ce que je ne peux pas m'offrir - et pour être honnête, ce sont souvent des choses qui ne m'intéressent pas outre mesure.


3. Trop d'entre soi

  C'est une impression qui n'est pas neuve mais qui s'est accentuée avec le temps. L'impression que mes magazines de chevet sont régulièrement squattés par la famille, les amis et les amis des amis des journalistes. Au Elle, on a ainsi droit depuis longtemps a un numéro annuel spécial Ines de la Fressange ou figurent en bonne place ses deux filles et sa bande de potes. Il y a aussi les designers invités, les restaurants sélect  que toute l'équipe recommande, la copine de Machine qui fabrique des bracelets made in France...Et le pire sans doute a mes yeux, l'expression "bien né" qui a littéralement contaminé le vocabulaire du Elle ces derniers temps. Cara Delevigne y est décrite, comme ceux qui fréquentent les écoles privées parisiennes, comme une personne "bien née" - une expression qui voulait peut-être dire quelque chose en 1834 mais on en est loin.

 Pas un mot sur les cafouillages d'Ines avec la loi dans ses constructions du Lubéron, évidemment.

  Encore une fois, Grazia se conduit un peu mieux de ce côté la mais je ne peux m'empêcher de trouver que ces articles ont pris dernièrement un ton copain-bobo-on a nos bonnes adresses un peu déplaisant. Et qui perd peu a peu de son auto dérision.


4. Les stars sont des gens comme les autres

  C'est une vérité toute simple que mes magazines semblent avoir depuis longtemps laissé au placard. Et les portraits de chanteuses, actrices, et mannequins ne se contentent plus d'écrire "elle a une voix envoûtante" ou "elle mérite l'Oscar" mais partent régulièrement dans des discours enflammés, des avalanches de compliments sans queue ni tête et des déclarations d'amour hystérique. On finit avec l'impression que ce n'est pas un être humain que le/la journaliste a interviewé mais une créature mythique et ensorcelante, qui a bouleversé le sens de sa vie avec un battement de cils. 
  En exemple, l'interview de Lana del Rey dans Grazia, le 18 septembre dernier : 
"Elle est cette zone où viennent s'échouer nos sentiments exacerbés et nos soirées pleines d'ivresse et d'espoir dans l'existence d'un sentiment qui puisse enfin tout balayer. Elle est ce verre de blanc, de rouge, de trop rouge, qui nous a fait tomber amoureux. Grâce à elle, cet amour ultime et perdu, dans une société à la poésie fade, devient à nouveau possible, il retrouve de l'éclat. Aussi on s'y accroche fébrilement, on se confond en Lana, Electre aux ongles soignés..." Ce genre de débordement au premier degré me faisait rire autrefois. Maintenant je les trouve un peu embarrassants. Pour la personne qui les a écrit, mais aussi pour leur modèle. Qui n'en a sans doute jamais autant demandé.
  J'ai eu mon ras le bol officiel de toutes ces courbettes dans le tout dernier Grazia, consacré cette fois a la fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp. Une gamine de 16 ans qui va jouer dans des films et devenir mannequin et visiblement mérite a cause de tout cela d'être érigée en reine du monde. Next.

  
5. Les chroniqueurs ont le droit de sourire 


      Taylor a Simone de Beauvoir au dos maintenant...


  Autrefois, j'aimais bien Grazia pour des chroniques rigolotes. Dans la nouvelle formule, il n'y a pas moins de quatre chroniqueuses régulières, apportant chacune un point de vue sur l'actualité et/ou leurs quotidiens. J'ai laissé passer quelques numéros pour m'en faire une idée un peu précise mais mon impression  première reste la même : ces chroniques passent leur temps a râler. Du nouveau clip de Taylor Swift à la mode des Stan Smith, en passant par les réactions des gens face a la rentrée...Ça m'a fait rire au début, maintenant je trouve ce choix éditorial vaguement déprimant voire même un peu méprisant. Il n'y a que la chronique de Nora Hamzawi que j'aime bien lire une fois de temps en temps - même si elle me donne envie de la prendre dans les bras et de lui dire d'arrêter de s'en faire de tout et de n'importe quoi.
  Dans le Elle, les chroniques sont généralement moins grinçantes - mais elles sont aussi beaucoup moins présentes et ont surtout l'air de se dérouler dans un monde parallèle ou tout le monde va chez Castel en Louboutin. Donc guère mieux.
  

6. Et la morale dans tout ça ?
  Le dernier point qui me met mal a l'aise aujourd'hui face a ces représentants de la presse féminine -et promis après j'arrête de râler- c'est leur morale souvent a double tranchant, voire a double face.   Ou l'on met en garde contre les dangers de la chirurgie esthétiques et des régimes abusifs avant de mettre en scène des stars retouchées qui s'en défendent et des petites mannequins maigrichonnes.      Ou l'on pousse un coup de gueule de temps en temps contre la misère du monde et les violences faites aux femmes avant d'enchaîner sur l'amour exemplaire d'Emmanuelle Seigner pour son mari bien glauque. 
  Ou l'on fait des articles plus qu'un peu maladroits sur la présence des mannequins noires et métisses dans le monde de la mode....tout en montrant 80% du temps des reportages featuring des mannequins blancs.
  Ou il faut être une femme mince, belle, juvénile, délurée, intelligente, bien coiffée, cultivée, travailleuse, aisée, mère, épouse, amante, et bourrée d'auto dérision quand même, parce que la vraie femme parfaite ne l'est pas complètement... Et ou l'étudiante que je suis ne se retrouve absolument pas du tout.



  Fin du discours, début du boycott.




A bientôt les filles, des bisous ! ,)

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3 commentaires:

  1. Hello ♥
    Ah, j'adore ton article. Parce que j'ai aussi dit Adieu aux magazines féminins. Enfin, presque Adieu, disons qu'avant j'en achetais TOUS LES MOIS (mes préférences étant Biba et Cosmopolitan) et que désormais, je dois en acheter trois par an, pour les mêmes raisons que toi, surtout pour le côté ''trop cher''. Vraiment.

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    1. Oh merci pour ton gentil commentaire Emily, ça me fait super plaisir !! Moi aussi je lisais ces magazines vraiment régulièrement, j'aime encore bien Cosmo pour les pages beauté et mode a petits prix, par contre Biba m'a un peu lassée avec ses numéros développement personnel, bonheur...qui reviennent tout le temps. Enfin, comme toi, quand je les achète maintenant c'est plutôt occasionnellement, genre pendant les vacances :)
      Merci encore pour ton passage et bisous !

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  2. Je dois dire que moi aussi, j'en ai un peu assez de flinguer des arbres pour lire toujours les mêmes choses (ah, le numéro "sexe" obligatoire du mois de juillet...).
    Donc, quand vraiment j'ai envie de me vider la tête, je profite d'être dans la salle d'attente du médecin ou chez le coiffeur. A dose homéopathique, ça va !
    Bisous !

    www.fortybeauty.com

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