La petite sirène en beauté

  Il s'agit d'une comédie romantique un peu spéciale, qui est sortie directement chez nous en DVD cette année (aux USA, la sortie remonte à 2012 !). Le titre original n'est pas du tout le même qu'en français : c'est Liberal Arts, en allusion au thème universitaire du film. C'est toujours un peu bizarre de traduire un titre anglais par un autre en anglais, mais bon, pourquoi pas...

   L'histoire raconte les retrouvailles d'un recruteur universitaire new-yorkais d'une trentaine d'années, Jesse, avec son vieux campus bien-aimé, un endroit idyllique, situé dans l'Ohio. Jesse est présenté comme un intello, un amoureux des lettres et des arts, mais aussi un homme légèrement paumé, à la vie sentimentale agitée. Il retrouve le théâtre de sa jeunesse avec enthousiasme, se rappelant l'époque où il pouvait passer ses journées à lire sous un arbre, et à fréquenter des professeurs intellectuellement stimulants...

    Lors de son passage, Jesse fait aussi une rencontre : la fille d'un couple d'amis de son vieux professeur, Elizabeth dite "Zibby". C'est une étudiante en arts dramatiques de dix-neuf ans, mature et intelligente. Leurs conversations révèlent leurs intérêts communs, et déclenchent leur complicité. 

Avant le départ de Jesse, Zibby lui propose de correspondre avec elle, à l'ancienne, avec une plume et du papier...

  

    D'habitude, j'aime beaucoup les comédies qui mettent en scène un couple avec, entre eux, une différence d'âge (Manhattan de Woody Allen par exemple, avec la toute jeune Mariel Hemingway) : il y a toujours un tabou social, plus ou moins grand, auquel faire face, et ça peut entraîner des situations très touchantes - et drôles aussi. J'étais donc impatiente de voir ce film, dont j'avais entendu dire pas mal de bien.

   J'ai beaucoup apprécié le couple Josh Radnor-Elisabeth Olsen, dans les rôles principaux.

 Je connaissais déjà Radnor (grâce à How I Met Your Mother bien sûr !) et j'ai trouvé qu'il passait bien le cap du sitcom au film plus traditionnel, ce qui n'est pas toujours évident. Cependant, le rôle de Radnor reste assez proche de celui de Ted Mosby, le romantique intello, et les fans apprécieront. 

Quant à Olsen, après une minute de perplexité face à sa voix très profonde, qui détonne un peu avec son allure de blondinette innocente, j'ai été séduite par sa performance, nuancée et sympathique.

   Joyeuse et ensoleillée, pendant les deux tiers, cette comédie prend à la fin un tournant innatendu : je ne vous dirai pas lequel pour ne pas vous gâcher la surprise, mais je peux vous dire qu'il ne m'a pas plu du tout. J'ai aussi été un peu décontenancée par le traitement de la différence d'âge entre les deux rôles principaux : dans un film aussi moderne, je m'attendais à une approche désinvolte, or c'est assez loin d'être le cas. Après tout, Jesse et Zibby n'ont que seize ans de différence entre eux, un écart qui est surtout accentué par le fait que la jeune fille est encore étudiante. 

     En revanche, j'ai été plus conquise par les thèmes "universitaires" que le film aborde. Étant en ce moment étudiante en littérature, je me suis senti proche des commentaires de Jesse sur la réputation d'inutilité de cette filière, dans le monde professionnel. Et sur le plaisir de l'étude : "C'est le seul moment de la vie où on peut faire ça, remarque t-il à un moment, en encourageant un étudiant à profiter de sa formation, passer toute sa journée à lire..." La confrontation de l'image idéalisée que Jesse a conservé de ses études à la réalité moins souriante de certains étudiants, qui aspirent à sortir de l'université, est un autre point fort du film. 

      En bref, un petit plaisir sans prétention (enfin, un petit peu quand même) et qui reste attachant.

A bientôt les filles, des bisous !